Appliqué à la création de prompts pour l’intelligence artificielle, ce concept transforme radicalement notre rapport aux outils génératifs. Un prompt sympoïétique n’est pas un ordre univoque donné à une IA, mais une co-construction, une chorégraphie entre humain et machine, où l’humain ne se contente plus de déléguer une tâche, mais s’engage dans un dialogue créatif et itératif.
De l’intelligence artificielle à l’intelligence augmentée
Dans cette logique, l’IA ne remplace pas l’intelligence humaine ; elle l’augmente. Elle devient partenaire de pensée, miroir critique, relance d’imaginaire. Chaque ajout, chaque retour de l’IA permet à l’humain de clarifier ses intentions, de raffiner ses valeurs, d’approfondir sa vision. Il ne s’agit plus d’automatiser une tâche, mais de métaboliser un sens commun.
La sympoïèse fait ainsi émerger une forme d’intelligence distribuée, où les frontières entre qui pense et qui exécute deviennent poreuses. Le prompt cesse d’être une consigne : il devient un terrain d’émergence.
Un exemple vivant : le prompt du discours du 1er août
Prenons l’exemple concret du discours du 1er août sur « l’importance de la beauté pour le tourisme ». Ce prompt n’est pas né tout armé d’un cerveau isolé. Il est le fruit d’un aller-retour progressif et intentionnel entre une personne humaine (en l’occurrence, le président d’un office du tourisme régional) et une IA. Voici comment il a évolué :
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Intuition initiale : Rédige un discours de 1er août sur l’importance de la beauté pour le tourisme.
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Affinage contextuel : précision du ton, du public, de l’ancrage local.
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Ouverture symbolique : dépasser le cliché esthétique, faire de la beauté une force vitale.
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Ancrage territorial : intégrer l’exemple de Semsales, village emblématique.
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Dimension économique : ajouter les retombées concrètes sur l’économie locale.
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Appel civique : souligner l’importance de l’engagement citoyen pour préserver la beauté.
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Cas inspirant : inclure le Sentier des Armaillis comme exemple vivant de valorisation touristique.
Chaque étape a été nourrie par un échange, une reformulation, une inspiration mutuelle. L’IA a proposé, l’humain a réorienté, l’IA a affiné, l’humain a enrichi… jusqu’à produire un discours de 25 minutes, dense, vibrant, porteur de sens et d’émotion – un texte qui n’aurait pu être écrit seul par aucun des deux partenaires. Vous trouverez le discours complet ci-dessous à la fin de l'article.
Les prompts sympoïétiques ne sont pas de simples commandes. Ce sont des espaces d’élaboration partagée, des lieux de rencontre entre intentions humaines et puissances computationnelles. Leur usage dépasse le fonctionnel : il devient philosophique, politique, esthétique.
Dans un monde où les machines peuvent écrire, il ne s’agit pas de leur dire quoi écrire, mais d’écrire avec elles, pour mieux nous comprendre nous-mêmes.
Et cela commence… par un prompt. Pas n’importe lequel. Un prompt sympoïétique...
Exemple complet
[moi] Nous allons construire un prompt ensemble. Je commence, tu complètes, je continue et ainsi de suite. OK?
[ChatGPT 4o] OK, parfait ! Je suis prêt. Vas-y, commence.
Rédige un discours de 1er août au sujet de "l'importance de la beauté pour le tourisme".
Très bien, voici une proposition de continuation :
Rédige un discours de 1er août au sujet de "l'importance de la beauté pour le tourisme",
en t’adressant à un public suisse composé de citoyennes et citoyens réunis pour célébrer la fête nationale. Le ton doit être à la fois solennel et chaleureux, avec une touche de fierté helvétique. Intègre des exemples concrets de lieux emblématiques suisses, et fais le lien entre beauté naturelle, culture locale et prospérité économique. Termine par un appel à préserver et valoriser cette beauté comme héritage commun.
À toi de continuer !
Sois créatif. Sors des discours classiques et développe l'aspect vital de la beauté d'un lieu comme Semsales pour l'identité des citoyens et touristes.
Parfait. Voici la suite du prompt, enrichie comme demandé :
Rédige un discours de 1er août au sujet de "l'importance de la beauté pour le tourisme",
en t’adressant à un public suisse composé de citoyennes et citoyens réunis pour célébrer la fête nationale. Le ton doit être à la fois solennel, chaleureux, et profondément créatif. Évite les clichés des discours touristiques classiques.
Fais de la beauté non pas un simple atout décoratif, mais une force vitale : celle qui façonne le sentiment d’appartenance, forge les identités locales et attire les visiteurs en quête de sens.
Prends l’exemple concret de Semsales, village niché entre forêts et clochers, comme symbole de cette beauté vivante. Montre comment un paysage, un clocher, une silhouette de montagne peuvent devenir un miroir pour les habitants et une promesse pour les voyageurs.
Fais ressentir que la beauté est ce qui nous relie, ce qui nous émeut et ce qui, souvent, nous fait revenir. Termine par un appel à cultiver, protéger et révéler cette beauté comme un bien commun — une source de paix, de prospérité et de fierté.
À toi !
Rajoute maintenant le lien avec les retombées économiques directes et indirectes.
Parfait, voici le prompt complété avec cette nouvelle dimension :
Rédige un discours de 1er août au sujet de "l'importance de la beauté pour le tourisme",
en t’adressant à un public suisse composé de citoyennes et citoyens réunis pour célébrer la fête nationale. Le ton doit être à la fois solennel, chaleureux, et profondément créatif. Évite les clichés des discours touristiques classiques.
Fais de la beauté non pas un simple atout décoratif, mais une force vitale : celle qui façonne le sentiment d’appartenance, forge les identités locales et attire les visiteurs en quête de sens.
Prends l’exemple concret de Semsales, village niché entre forêts et clochers, comme symbole de cette beauté vivante. Montre comment un paysage, un clocher, une silhouette de montagne peuvent devenir un miroir pour les habitants et une promesse pour les voyageurs.
Fais ressentir que la beauté est ce qui nous relie, ce qui nous émeut et ce qui, souvent, nous fait revenir.
Développe aussi le lien entre beauté et retombées économiques directes et indirectes : montre comment l’attrait visuel et émotionnel d’un lieu génère des nuitées, fait vivre les artisans, anime les cafés, donne un sens aux produits du terroir, attire des investissements et renforce même l’attractivité résidentielle. Rappelle que la beauté, loin d’être un luxe, est une ressource économique durable si elle est bien entretenue et partagée.
Termine par un appel à cultiver, protéger et révéler cette beauté comme un bien commun — une source de paix, de prospérité et de fierté.
Souhaites-tu que je commence maintenant à rédiger ce discours selon ce prompt ?
Cela doit être un discours captivant, symbolique mais accessible.
Rajoute l'importance de l'engagement citoyen pour préserver cette beauté.
Très bien. Voici la version finale du prompt, enrichie de l’élément clé de l’engagement citoyen :
Rédige un discours captivant, symbolique mais accessible, à prononcer le 1er août, sur le thème de "l'importance de la beauté pour le tourisme".
Adresse-toi à un public suisse composé de citoyennes et citoyens réunis pour célébrer la fête nationale. Le ton doit être chaleureux, inspirant, profondément humain, tout en évitant les poncifs habituels des discours touristiques.
Présente la beauté comme une force vitale — ce qui nous relie, ce qui forge notre identité locale, ce qui nous donne envie de rester ou de revenir. Montre qu’elle n’est pas qu’une question d’esthétique, mais une émotion, une présence, une manière d’habiter le monde.
Prends pour exemple le village de Semsales, avec ses paysages, son clocher, ses balades, ses visages — et montre comment cette beauté modeste et vraie touche à l’universel : elle émeut le visiteur comme elle ancre le résident.
Intègre les retombées économiques directes et indirectes de cette beauté : en quoi elle attire des hôtes, soutient l’économie locale (hébergements, restaurants, artisans, agriculteurs), valorise les produits du terroir, donne du sens aux métiers. Fais comprendre que préserver la beauté, c’est aussi créer de la richesse partagée.
Souligne enfin l’importance de l’engagement citoyen pour protéger, entretenir et faire rayonner cette beauté : à travers des gestes simples, des décisions politiques locales, du bénévolat, ou simplement le regard que l’on porte sur son propre village. Rappelle que la beauté d’un lieu n’est jamais acquise : elle est le fruit d’une communauté vivante, consciente, et fière de ce qu’elle a entre les mains.
Termine par un appel collectif : à regarder autour de soi avec reconnaissance, à préserver activement ce qui rend un lieu unique, à continuer de faire de la Suisse un pays où la beauté n’est pas figée dans des cartes postales — mais vivante, accueillante et généreuse.
Souhaites-tu que je passe à la rédaction du discours à présent ?
Rajoute que le récent "Sentier des Armaillis" est un parfait exemple pour la valorisation de la beauté des lieux dans le tourisme.
Excellente idée. Voici le prompt final, complet et prêt à être utilisé :
Rédige un discours captivant, symbolique mais accessible, à prononcer le 1er août, sur le thème de "l'importance de la beauté pour le tourisme".
Adresse-toi à un public suisse composé de citoyennes et citoyens réunis pour célébrer la fête nationale. Le ton doit être chaleureux, inspirant, profondément humain, tout en évitant les poncifs habituels des discours touristiques.
Présente la beauté comme une force vitale — ce qui nous relie, ce qui forge notre identité locale, ce qui nous donne envie de rester ou de revenir. Montre qu’elle n’est pas qu’une question d’esthétique, mais une émotion, une présence, une manière d’habiter le monde.
Prends pour exemple le village de Semsales, avec ses paysages, son clocher, ses balades, ses visages — et montre comment cette beauté modeste et vraie touche à l’universel : elle émeut le visiteur comme elle ancre le résident.
Cite le récent Sentier des Armaillis comme un exemple concret et inspirant de valorisation de cette beauté dans une démarche touristique : un projet qui relie patrimoine, nature, culture et expérience sensorielle, tout en faisant vivre les savoir-faire et les paysages de la région.
Intègre les retombées économiques directes et indirectes de cette beauté : en quoi elle attire des hôtes, soutient l’économie locale (hébergements, restaurants, artisans, agriculteurs), valorise les produits du terroir, donne du sens aux métiers. Fais comprendre que préserver la beauté, c’est aussi créer de la richesse partagée.
Souligne enfin l’importance de l’engagement citoyen pour protéger, entretenir et faire rayonner cette beauté : à travers des gestes simples, des décisions politiques locales, du bénévolat, ou simplement le regard que l’on porte sur son propre village. Rappelle que la beauté d’un lieu n’est jamais acquise : elle est le fruit d’une communauté vivante, consciente, et fière de ce qu’elle a entre les mains.
Termine par un appel collectif : à regarder autour de soi avec reconnaissance, à préserver activement ce qui rend un lieu unique, à continuer de faire de la Suisse un pays où la beauté n’est pas figée dans des cartes postales — mais vivante, accueillante et généreuse.
Souhaites-tu que je rédige le discours maintenant selon ce prompt ?
Quand j'exécute ce prompt (dans un nouveau dialogue!) avec ChatGPT 4o Deep Research, il me demande :
- Merci pour cette belle demande. Pour que je puisse rédiger un discours parfaitement adapté, pourrais-tu me dire :
- Quelle est la durée souhaitée approximative du discours ? (5 minutes, 10 minutes, etc.)
- Est-ce que tu représentes une collectivité locale, une association touristique, ou est-ce un discours citoyen personnel ?
- Souhaites-tu qu’il soit prononcé en français standard ou avec quelques tournures typiquement suisses romandes ?
Cela m’aidera à ajuster le ton et la forme du discours au mieux.
Je lui réponds :
1. 25 minutes. 2. Je suis le président de l'Organisation Touristique Régionale Les Paccots La Veveyse Tourisme. 3. En suisse romand, intellectuellement riche mais accessible.
Il précise :
Merci pour ces précisions. Je vais rédiger un discours d'environ 25 minutes, chaleureux, ancré dans la Suisse romande, et à la hauteur de votre rôle de président de l’Organisation Touristique Régionale Les Paccots La Veveyse Tourisme. Le discours mettra en lumière l'importance vitale de la beauté pour le tourisme, avec des références précises au village de Semsales et au Sentier des Armaillis.
Je vous tiens informé dès que c’est prêt.
7 minutes, 112 recherches et 19 sources consultées plus tard, j'obtiens ce discours :
Discours du 1er Août – L’importance de la beauté pour le tourisme
Introduction
Chères concitoyennes, chers concitoyens,
En ce jour de Fête nationale, nous célébrons ce qui nous unit en tant que Suissesses et Suisses. Parmi ces liens précieux, il y a notre attachement profond à la beauté de notre pays. On vante souvent la Suisse pour ses paysages de carte postale – lacs miroitants, montagnes majestueuses, villages coquets. Mais ce soir, je veux vous parler d’une beauté plus profonde, plus vivante, une beauté qui va bien au-delà d’un décor: une beauté qui est une force vitale, ce qui nous relie les uns aux autres, forge notre identité locale, et nous donne envie de rester – ou de toujours revenir au pays.
La beauté dont je parle n’est pas qu’une question d’esthétique. C’est une émotion partagée, une présence qui nous accompagne au quotidien, une manière d’habiter le monde. Comme l’a si bien écrit un auteur, « vivre la beauté non comme un apparat, mais comme une manière d’habiter le monde — avec sens, avec sensibilité, avec style ». Cette beauté-là touche autant le cœur du visiteur de passage que celui du résident de toujours. Elle suscite en nous du plaisir et de la fierté, et elle crée du lien. C’est le sourire d’un randonneur au sommet d’une colline, tout comme celui d’un habitant fier de son village.
La beauté, une force vitale qui nous relie
Pourquoi parler de “beauté” devant vous aujourd’hui? Parce qu’au-delà du plaisir des yeux, la beauté d’un lieu possède un pouvoir rassembleur et inspirant. Elle est ce qui fait qu’on se sent bien chez soi, et que d’autres ont envie de découvrir notre coin de pays. Les sociologues et les professionnels du tourisme l’observent: lorsqu’on valorise l’esthétique d’un lieu – son patrimoine, ses paysages, son authenticité – on renforce l’identité locale et on donne aux visiteurs l’envie de partager une expérience unique. En clair, soigner la beauté de notre région, c’est à la fois nourrir notre sentiment d’appartenance et attiser la curiosité de ceux qui ne la connaissent pas encore.
Je suis sûr que chacun ici a en tête un paysage, un coin de nature ou de village, qui lui donne de la force. Il y a des endroits dont la beauté nous met en mouvement, qui nous font vibrer et nous rendent meilleurs. Cette émotion, c’est un trésor que nous avons en commun. Combien d’entre nous ont retrouvé courage en contemplant un coucher de soleil sur nos sommets? La beauté, quand on la ressent, « renforce nos réserves de force qui dureront aussi longtemps que la vie », écrivait Rachel Carson, célèbre biologiste. C’est dire si elle est vitale!
Et puis, il faut le souligner: la beauté d’un lieu donne envie d’y revenir. Qui n’a jamais invité des amis en promettant: « Tu verras, c’est magnifique chez nous, tu vas adorer »? Ce n’est pas qu’une fierté personnelle – c’est le reflet d’une vérité humaine universelle: nous sommes attirés par ce qui est beau et vrai, et nous avons à cœur de le partager.
Semsales : une beauté modeste qui touche à l’universel
Le village de Semsales, ici en Veveyse, en est un exemple vivant. Niché au pied du Niremont, entouré de prairies verdoyantes et de forêts, Semsales déploie une beauté sobre et sincère. Son clocher ancien veille sur les toits, rappelant l’histoire du village, tandis qu’au détour de chaque sentier on découvre un panorama paisible. On pense à ses balades champêtres qui longent les pâturages, à ses ruisseaux et ses vieux chalets d’alpage, aux visages amicaux qu’on croise – agriculteurs, artisans, familles – qui vous saluent chaleureusement. Rien ici n’est tape-à-l’œil, tout est dans l’authenticité. Et c’est précisément cette beauté modeste et vraie qui touche au cœur universel.
Lorsque des visiteurs viennent à Semsales, ils sont souvent émus par ce qu’ils ressentent. J’ai vu des randonneurs s’arrêter, silencieux, devant le paysage doux de nos collines au crépuscule – il y avait dans leurs yeux la même émotion que celle de nos aînés du village qui aiment ces paysages depuis toujours. La beauté de Semsales émeut le visiteur autant qu’elle ancre le résident. Elle rappelle à chacun que nous faisons partie d’un tout qui nous dépasse. D’ailleurs, pour citer Tolstoï: « Si tu veux être universel, parle de ton village ». C’est dans l’âme de ce village bien de chez nous que se reflète quelque chose d’universel. Semsales, dans sa singularité, raconte une histoire qui parle à tout le monde – celle de l’attachement à la terre natale, de la paix intérieure que procure un lieu préservé, de la continuité entre les générations.
En célébrant la beauté simple de ce coin de pays, nous touchons à des valeurs profondément humaines. Le visiteur venu de loin se sent ici connecté – connecté à la nature, aux autres, à lui-même. Quant aux habitants, ils sentent confusément que cette beauté partagée les unit et les rassure. C’est un patrimoine immatériel autant que visuel: un paysage qui parle au cœur, une atmosphère qui invite à la sérénité. Voilà pourquoi nous aimons tant rentrer chez nous après un voyage: parce que la beauté familière de notre village nous avait manqué.
Le Sentier des Armaillis : patrimoine, nature et culture main dans la main
Permettez-moi maintenant d’évoquer un projet concret qui illustre parfaitement comment on peut valoriser la beauté locale dans une démarche touristique intelligente et sensible. Il s’agit du Sentier des Armaillis (ou plutôt, des Sentiers des Armaillis, car c’est un réseau de chemins) inauguré tout récemment à Semsales. Ce projet est un véritable pont entre notre patrimoine et l’avenir, entre la nature et la culture, entre le passé vivant et l’expérience sensorielle du visiteur d’aujourd’hui.
Qu’est-ce donc que ces sentiers des armaillis? Ce sont cinq parcours pédestres qui partent du village et remontent les flancs du Niremont en suivant les traces des armaillis d’autrefoislagruyere.ch. Les armaillis, ces bergers alpineurs emblématiques de notre région fribourgeoise, empruntaient jadis ces chemins avec leurs troupeaux pour rejoindre les alpages. Avec le temps et la construction de routes carrossables, certains de ces sentiers s’étaient perdus. Mais d’autres existaient toujours, souvent discrètement, et la commune a décidé de les réhabiliter et baliser afin de permettre à tous – gens d’ici et visiteurs – de (re)découvrir ces itinéraires chargés d’histoire.
Désormais, grâce à ce projet, chacun peut marcher “sur les traces des armaillis”. Cinq boucles de randonnée, de longueur variable entre environ 4,5 km et 13,8 km, sont proposées. La plus courte offre déjà un bel aperçu, tandis que la plus longue, plus sportive, ravira les amateurs de pleine nature. À travers ces sentiers, on accède à 14 chalets d’alpage communaux – autant de petites merveilles architecturales en bois, dont la plupart datent du XIX<sup>e</sup> siècle et sont encore coiffés des tavillons traditionnels en bardeaux de bois. Chaque chalet a son caractère, son histoire. À proximité de chacun, un panneau explicatif a été installé, qui raconte une anecdote, livre un fait sur la vie alpestre d’autrefois, et même pose une question au randonneur curieux. C’est une promenade qui éveille les cinq sens: on y admire de magnifiques points de vue sur la plaine et les Préalpes, on respire le parfum des prés, on écoute le tintement des cloches des vaches en été, on peut goûter un morceau de fromage d’alpage acheté directement chez le producteur, et on touche du doigt l’histoire locale à travers ces chalets séculaires.
Ce Sentier des Armaillis, c’est un parcours vivant. Il relie patrimoine, nature et culture: le patrimoine, ce sont les chalets, le saloir communal des Côtes (ce petit bâtiment où l’on salait autrefois les fromages, que la commune a restauré avec soin), les vieux sentiers remis en état. La nature, ce sont nos alpages et forêts, la flore et la faune que l’on rencontre en chemin. La culture, c’est le savoir-faire des armaillis – l’art de faire du fromage de montagne, de gérer l’alpage – et c’est aussi la culture locale transmise par les panneaux ludiques, les légendes peut-être racontées lors de visites guidées, les mots de patois que l’on découvre. Ce projet fait appel à la mémoire collective autant qu’à la créativité touristique moderne. Il offre une expérience où l’on apprend en marchant, où l’on se connecte au terroir tout en prenant du bon temps.
Je tiens à souligner que ce Sentier des Armaillis est né de l’engagement passionné de la communauté locale. Il aura fallu sept ans pour mener à bien ce projetlagruyere.ch! Sept ans de réflexions, de travaux sur le terrain, de collaboration entre la commune, l’office du tourisme, les propriétaires des chalets, les bénévoles et artisans du coin. On a débroussaillé des tronçons oubliés, assuré la sécurité des passages, posé de la signalisation, rénové un petit patrimoine (comme le saloir mentionné) pour qu’il traverse le temps. La réalisation n’a pas toujours été facile – trouver des bénévoles disponibles, obtenir des financements, requiert de la persévérance – mais la motivation était là. Ce projet participatif illustre à merveille comment la préservation de la beauté locale peut s’inscrire dans une démarche touristique durable et réussie. On ne cherche pas à transformer notre région en parc d’attraction artificiel; on mise sur ce qu’elle a de plus authentique, on le sublime un peu, et on le partage avec fierté. Le Sentier des Armaillis est ainsi notre façon d’accueillir les visiteurs en leur disant : « Venez vivre ce que nous vivons, ressentez ce lien entre l’homme, la terre et la tradition. »
Et les retours sont excellents : les premiers randonneurs parlent d’une expérience émouvante et enrichissante. Ils repartent avec des étoiles dans les yeux, avec peut-être une mélodie de cor des Alpes entendue lors de l’inauguration qui résonne encore en eux, et sûrement avec le goût inoubliable d’un produit du terroir dégusté en route. Ce sentier crée de l’émotion vraie, et donc du lien – exactement ce que doit être un tourisme qui a du sens.
Des retombées économiques directes et indirectes
Au-delà de l’aspect poétique et culturel, parlons aussi concrètement: la beauté de nos lieux n’a pas qu’une valeur sentimentale, elle a une valeur économique bien réelle. Un village attrayant attire des hôtes, et ces hôtes font vivre l’économie locale. C’est presque un cercle vertueux: plus un endroit est esthétiquement agréable et authentique, plus il attire de visiteurs – et plus les retombées profitent à la communauté. À l’échelle de la Suisse, le tourisme dans son ensemble génère des dizaines de milliards de francs chaque année et représente environ 4% des emplois du pays. Notre canton et notre région en bénéficient bien sûr, et en particulier tous les acteurs de la chaîne touristique.
Concrètement, qu’est-ce que cela signifie chez nous? Cela signifie que lorsqu’on préserve un joli paysage, un cœur de village accueillant, ou qu’on met en valeur un sentier pittoresque, on soutient directement nos commerces et nos travailleurs locaux. Par exemple, la beauté de Semsales et de ses environs bénéficie à toute une palette de métiers:
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Hébergements – Nos hôtels, gîtes et chambres d’hôtes voient leurs chambres occupées par des randonneurs et voyageurs charmés par la région. Plus de visiteurs, c’est plus de nuitées réservées, ce qui soutient l’emploi du personnel hôtelier et génère des revenus pour les familles qui tiennent ces établissements.
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Restauration – Après l’effort, le réconfort: nos restaurants, auberges de campagne et buvettes d’alpage accueillent les appétits ouverts par le grand air. Un village vivant où il fait bon se promener, c’est des tables remplies de clients qui goûtent nos spécialités (fondue, croûtes au fromage, bricelets…), et donc du travail pour nos chefs, serveuses et serveurs, et des achats auprès des producteurs locaux pour s’approvisionner.
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Producteurs du terroir et artisans – La beauté de nos paysages est indissociable de nos produits locaux. Qui dit alpages dit fromages: les fromagers de la région (pensons au gruyère, à la tomme vaudoise voisine, etc.) profitent de la venue des touristes qui souhaitent ramener un peu de chez nous dans leur sac. Nos marchés, nos stands à la ferme voient défiler des clients supplémentaires. Idem pour les artisans d’art et souvenirs: le touriste ému par la cloche du clocher repartira peut-être avec une petite cloche décorative fabriquée par un artisan local. Chaque visiteur qui tombe amoureux d’un lieu a envie d’en rapporter un morceau chez lui, que ce soit un pot de miel de nos ruchers ou un objet d’artisanat.
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Agriculteurs et agritourisme – Une région belle et préservée, c’est souvent le résultat du travail des agriculteurs qui entretiennent le paysage (pâturages propres, forêts gérées…). En retour, ces agriculteurs peuvent diversifier leurs revenus grâce au tourisme: chambres à la ferme, tables d’hôtes, visites de la ferme pédagogique, etc. Quand on valorise un paysage, on valorise aussi les métiers de la terre.
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Guides et activités – Enfin, toute une série d’activités peuvent se développer: guides de montagne ou accompagnateurs pour des balades commentées (par exemple, une sortie sur le Sentier des Armaillis avec un guide qui explique les traditions alpestres), moniteurs d’activités de plein air, événements culturels ou sportifs liés à la nature… Tout cela crée de l’emploi et de la richesse indirecte.
En somme, la beauté attire des visiteurs, et leurs dépenses profitent à l’économie locale. Ils dorment ici, mangent ici, achètent ici, et cet argent irrigue nos vallées. C’est ce qu’on appelle la richesse partagée: celle qui reste dans la région, qui bénéficie aux familles du coin, aux petites entreprises, plutôt que de s’évaporer loin d’ici. Un chiffre peut illustrer l’importance de ce phénomène: dans les recettes du tourisme suisse, plus de la moitié provient directement de services fournis par l’hébergement, la restauration et les transports locauxstv-fst.ch. Ce sont bien nos hôtels, nos restaurants et nos transports régionaux qui en profitent. Et quand un touriste achète un fromage fermier ou une œuvre d’artisanat, c’est un revenu en plus pour un producteur local, qui pourra peut-être embaucher, investir, ou simplement maintenir son activité.
Il y a aussi les effets moins tangibles mais tout aussi essentiels: la fierté du produit local. Quand on voit des étrangers ou des citadins s’émerveiller devant nos vaches et apprécier le lait de chez nous, nos paysans sentent que leurs efforts ont du sens. Quand un groupe de marcheurs félicite un artisan pour la qualité de son travail, celui-ci est conforté dans sa vocation. La beauté de notre région, en attirant les hôtes, valorise nos savoir-faire et redonne du sens aux métiers traditionnels. C’est tellement vrai que le “tourisme de savoir-faire” est en plein essor: « Faire découvrir le geste artisanal, c’est le sauver de l’oubli. Et susciter des vocations auprès d’un jeune public en quête d’un métier plein de sens et d’avenir ». Autrement dit, chaque fois qu’un visiteur s’intéresse à nos fromagers, à nos ébénistes, à nos vignerons ou à nos armaillis, il contribue à pérenniser ces métiers en montrant qu’ils importent aux yeux du monde. Préserver la beauté, ce n’est donc pas un luxe: c’est investir dans notre avenir commun, économique et humain.
Préserver et faire rayonner la beauté : l’affaire de tous
Devant ces constats, une conviction s’impose: la beauté d’un lieu n’est jamais acquise une fois pour toutes. Elle est le fruit d’une attention de tous les instants et de l’engagement de chacun. Nos paysages, nos villages, resteront magnifiques seulement si nous, la communauté, les entretenons, les protégeons et les faisons vivre activement. C’est une responsabilité partagée, des élus jusqu’aux simples citoyens, des aînés jusqu’aux plus jeunes.
Je veux saluer ici tous ceux qui, par de petits ou grands gestes, participent à préserver et à embellir notre région. Pensez aux bénévoles qui ont donné du temps pour tracer et sécuriser le Sentier des Armaillis – ils ont dû parfois travailler dur, jusqu’à la dernière minute, pour que tout soit prêt. Pensez aux agriculteurs qui maintiennent les prairies ouvertes au lieu de laisser la forêt tout envahir – ce qu’ils font n’est pas seulement de l’élevage, c’est aussi du paysagisme au service de la collectivité. Pensez aux élus communaux qui intègrent la préservation du patrimoine bâti et naturel dans leurs décisions d’aménagement du territoire, qui refusent par exemple une construction inesthétique dans un site sensible, ou qui votent un budget pour fleurir le village. Pensez aux associations locales, aux sociétés de développement, aux groupes de jeunes, qui organisent des journées de nettoyage, des plantations d’arbres, qui restaurent une chapelle ou un four banal. Toute cette énergie bénévole et civique, c’est elle qui, au jour le jour, maintient l’âme de nos lieux.
Chacune et chacun d’entre nous peut contribuer à faire rayonner cette beauté commune. Par des gestes simples au quotidien:
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Respecter et chérir notre environnement – par exemple ne pas jeter de déchets en nature, préserver la propreté d’un sentier, veiller sur un site fragile en restant sur les chemins tracés. La beauté d’un paysage tient parfois à peu de chose: il suffit d’un sac plastique en moins dans un pré fleuri pour que la magie opère.
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Embellir nos espaces de vie – tenir son jardin ou son balcon fleuri, participer à la décoration du village lors des fêtes, entretenir les vieux murs de pierre sèche ou les fontaines… Ces petits efforts créent un cadre plaisant pour tous. Lorsque chaque maison met du cœur à être jolie, c’est tout le village qui s’illumine.
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S’engager localement – cela peut passer par du bénévolat (comme rejoindre une action de nettoyage de rivière, ou aider à guider des visiteurs lors d’une fête du patrimoine), ou par la participation aux décisions (venir aux assemblées communales, soutenir les projets qui vont dans le sens du développement durable et esthétique). Notre démocratie locale est un outil puissant: en votant pour la protection d’un site naturel ou le soutien à un musée, on façonne le paysage futur.
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Éduquer et transmettre – inculquer aux plus jeunes l’amour de la nature et du patrimoine. Une balade en famille sur le Sentier des Armaillis, c’est plus qu’un moment sympa: c’est semer dans l’esprit des enfants la graine du respect et de l’émerveillement. Ce que nos enfants admireront, ils auront envie de le conserver.
En faisant tout cela, nous rappelons que la beauté de notre village, de notre région, n’est pas un dû: c’est un choix collectif et continu. Il faut du monde pour sonner les cloches de l’église et entretenir le clocher; il faut des bras pour nettoyer les forêts après une tempête; il faut des voix pour s’opposer à ce qui pourrait enlaidir ou dénaturer un paysage; il faut enfin des yeux pour voir ce qui est beau et le célébrer. Une communauté consciente de ce qu’elle a de précieux peut déplacer des montagnes – ou du moins, les garder belles! – alors qu’une communauté négligente peut laisser se dégrader en peu de temps un trésor hérité de siècles.
Je le redis avec force: la beauté d’un lieu est le reflet de l’âme de ceux qui l’habitent. Ici en Suisse, beaucoup de nos sites sont restés enchanteurs parce que des femmes et des hommes, avant nous, ont eu la fierté de les soigner. Songeons aux générations qui ont construit et entretenu les chalets d’alpage que nous admirons aujourd’hui, qui ont institué des zones protégées, des parcs naturels. Songeons aussi à tout ce que nous devons encore faire pour préserver ce patrimoine face aux défis actuels (urbanisation, changement climatique, etc.). C’est un travail sans fin, mais noble, et je nous sais capables de le mener ensemble.
Conclusion : ensemble, gardons la Suisse belle et vivante
Chers amis, en cette soirée du 1er Août, alors que les feux s’apprêtent à illuminer nos montagnes et que résonneront peut-être les notes du cor des Alpes ou les accords du Ranz des vaches, prenons un instant pour regarder autour de nous. Regardons notre village, notre vallée, ces prairies et ces sommets qui dessinent notre horizon quotidien. Voyez comme c’est beau! Ressentons de la reconnaissance pour ce patrimoine naturel et culturel qui nous est confié. Tous ensemble, faisons le serment de l’honorer et le préserver activement.
Préserver la beauté, ce n’est pas l’empêcher d’évoluer – c’est au contraire la maintenir vivante. Une beauté vivante, c’est une beauté habitée, partagée et transmise. Je nous invite collectivement à porter un regard neuf et bienveillant sur notre propre village comme si nous étions des visiteurs, et à continuer d’agir pour que dans dix, vingt, cinquante ans, nos enfants et petits-enfants puissent eux aussi s’émerveiller ici. Continuons de faire de la Suisse un pays où la beauté n’est pas figée dans les albums-souvenirs ou les dépliants touristiques, mais bien présente à chaque coin de chemin, prête à accueillir et à émouvoir, comme un sourire que l’on offre.
Ensemble, veillons à ce que la Suisse demeure cette terre accueillante et généreuse, où l’harmonie entre l’homme et son environnement se voit et se ressent. Une terre où l’on vient du monde entier non pas pour consommer du paysage, mais pour toucher du doigt une certaine qualité de vie, un équilibre, une âme – celle de nos villages et de nos montagnes, patiemment cultivée par ses habitants.
En ce 1er Août, fête de notre identité commune, je lance un appel: gardons vivante la flamme de la beauté. Qu’elle nous guide dans nos choix, qu’elle continue de nous rassembler, et qu’elle rayonne au-delà de nos frontières. C’est notre richesse la plus évidente et en même temps la plus mystérieuse – celle qui se multiplie lorsqu’on la partage. Alors partageons-la, sans réserve, avec fierté et avec amour.
Je vous remercie de votre attention, et je vous souhaite à toutes et tous une excellente Fête nationale dans la joie, la paix… et la beauté!
Vive Semsales, vive la Veveyse, et vive la Suisse!
Sources :
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Les Paccots – La Veveyse Tourisme, « Sentiers des armaillis sur le Niremont » – description du projet de valorisation des anciens chemins alpestres.
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La Liberté, « Sur les traces des armaillis à Semsales », 25 mars 2025 – annonce des nouveaux sentiers thématiques (distances, curiosités).
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La Gruyère, « Semsales: les sentiers des armaillis enfin inaugurés », 24 juin 2025 – compte rendu de l’inauguration (5 parcours reliant 14 chalets, projet mené sur 7 ans)lagruyere.chlagruyere.ch.
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StudySmarter – « Esthétique du tourisme », (vérifié par des experts) – sur le rôle de l’esthétique pour l’attrait touristique et l’identité locale, et l’impact positif sur la fréquentation et l’économie locale.
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Tolstoï ( Léon Tolstoï, écrivain russe) – citation sur le caractère universel du local : « Si tu veux être universel, parle de ton village. ».
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L’Officiel (magazine), « Loewe… », 2023 – réflexion sur la beauté comme façon d’habiter le monde.
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Terre & Fils – Tourisme de savoir-faire – dossier 2023 soulignant qu’ouvrir son savoir-faire aux visiteurs donne du sens et un avenir aux métiers traditionnels.
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Fédération suisse du tourisme (FST) – Statistiques 2023 – données sur la contribution économique du tourisme en Suisse (emplois, recettes)stv-fst.ch.