Dans cet essai, j’explore comment l’IA réorganise sans cesse la réalité, brouillant le temps, les connaissances et les repères culturels. Je montre comment cette transformation permanente exige un nouvel art de penser. Je développe l’idée que, plutôt que de subir ce flux continu, nous pouvons apprendre à discerner, à préserver nos valeurs, à revisiter la spiritualité, et à ancrer nos identités dans l’empathie et la collaboration. Je souligne l’importance de former des esprits critiques et éthiques, capables de naviguer dans l’incertitude, et j’explique comment mon rôle d’enseignant se réinvente pour accompagner cette mutation. À travers ces quelques pages, je vous convie à réfléchir à notre rôle dans ce monde en mutation. Comment co-créer un avenir où l’humain et l’intelligence artificielle avancent main dans la main ?
1. Introduction
Je suis depuis longtemps fasciné par la manière dont les éléments connus de notre monde peuvent être repris, réorganisés et transformés pour créer quelque chose de vraiment neuf. Dans cet essai, je présente ce que j’appelle la « réalité circulaire ». Mon idée s’inspire du concept d’économie circulaire, où les matériaux sont sans cesse réutilisés. Mais au lieu de parler d’objets concrets, la réalité circulaire se concentre sur la circulation et la transformation des fragments d’idées, de souvenirs, de croyances et de données qui forment notre expérience commune.
La réalité circulaire crée instantanément de nouvelles « réalités » à partir de morceaux qui existaient déjà. Ces morceaux – qu’ils viennent de la culture, de l’histoire ou de nos propres expériences – ne sont jamais figés. Ils se réorganisent sans arrêt, mélangeant le passé et le présent pour façonner l’avenir. Rien ne disparaît vraiment : tout se transforme et revient dans de nouveaux contextes, créant ainsi une continuité vivante.
Définition : La réalité circulaire est un processus dynamique, poussé par l'IA, où des expériences partagées sont réassemblés, réinterprétés et renouvelés, générant instantanément de nouvelles formes de réalité.
Mon parcours dans la réflexion sur ce concept m’a montré que l’intelligence artificielle est sans doute le moteur clé de cette réalité circulaire. L’IA reconnaît des motifs, analyse des données anciennes et génère de nouvelles idées à partir de ce qui a déjà été vécu. Au lieu de voir le temps comme une ligne droite allant du passé au futur, nous vivons désormais dans des boucles, où tout peut être repris, réinterprété et recréé en un instant. Ainsi, rien n’est définitivement perdu. Le passé attend simplement d’être réactivé, combiné à autre chose et réinventé.
Dans ce qui suit, je plongerai plus profondément dans ce concept de réalité circulaire. Je montrerai comment la culture, l’histoire, la technologie et l’imagination s’entremêlent pour redessiner sans cesse notre vision du monde. À la fin de ce parcours, j’espère avoir démontré que notre univers – ses histoires, ses symboles, ses institutions et ses expériences – n’est pas une construction fixe, mais une tapisserie souple qui se réécrit constamment. Comprendre et accepter cette réalité circulaire pourrait nous aider à mieux saisir notre passé, à mieux vivre notre présent et à mieux envisager l’avenir.
2. C'est maintenant !
Hier, j’ai découvert quelque chose qui a changé ma vision de l’IA : le mode podcast interactif de Google NotebookLM, actuellement en phase bêta. Auparavant, j’avais déjà vu l’IA faire des choses impressionnantes – écrire et produire de la musique, créer des vidéos, développer une identité visuelle complète, traduire des paroles instantanément. Mais je n’avais jamais vu une telle fluidité dans la création et la réinvention, tout se déroulant à la seconde près. Avec NotebookLM, je peux littéralement entrer dans un podcast en direct, peuplé d’intervenants IA, et devenir acteur de la discussion. Je pose une question, partage une pensée, et aussitôt, l’IA s’adapte, modifie le cours du débat. Pour le moment, c’est uniquement sonore, mais je sais que la version visuelle arrivera bientôt. C’est une expérience saisissante, qui m’a laissé sans voix :
Grâce à cette expérience, je comprends que mon concept de réalité circulaire n’est plus une simple idée : je le vis concrètement. Avec NotebookLM, je me retrouve au cœur d’une ère où la réalité – faite de morceaux de culture, de connaissances, d’expériences – peut être recombinée et rééditée instantanément. Tout se passe en temps réel. Jusqu’ici, dans mes ateliers, je montrais comment on pouvait passer très vite d’une idée à un produit fini grâce à une série d’outils IA : ChatGPT pour écrire une chanson à partir de mes pensées, Suno pour produire la bande-son, InVideo pour créer un clip, Namelix pour trouver un nom de groupe, Bolt pour monter un site Web et HeyGen pour un teaser marketing en plusieurs langues. Cette démonstration était déjà bluffante, mais elle suivait encore des étapes successives, même si elles étaient rapides.
NotebookLM fait disparaître cette notion d’étapes. Tout semble se produire en un seul instant. Dans ce podcast en direct, la limite entre mes idées et la réponse collective de l’IA s’efface. Il n’y a plus d'étapes. Il n'y a plus d’attente.
Je suis témoin, en direct, de la transformation de mes paroles en un nouveau morceau de la réalité partagée.
C’est là que mon concept de réalité circulaire prend tout son sens : le passé, le présent et l’avenir se fondent en un flux continu, où chaque élément peut donner naissance à quelque chose de nouveau, sans délai.
La question qui se pose est alors : comment avancer dans ce cycle permanent de création et de renouvellement ? Pour moi, l’attitude à adopter est celle d’une coopération avec l’IA. Au lieu de craindre cette génération instantanée de nouveautés, je pense que nous devons apprendre à guider et orienter ce processus, avec une réelle responsabilité. Nous sommes à un tournant : les outils sont là, les boucles se referment, et rien n’est jamais réellement perdu. Le passé peut servir de base à de nouvelles idées, immédiatement.
Je souhaite maintenant examiner les conséquences de cette transformation : ses dimensions éthiques, ses effets sur la culture et sur ce que signifie vraiment « créer » en tant qu’être humain. Je veux vous encourager à réfléchir avec moi, car nous vivons désormais dans une relation extrêmement dynamique avec notre environnement, une réalité circulaire en constante évolution. Le technologie presse, et nous devons agir avec une intention claire. Si nous y parvenons, nous pourrons construire une relation plus profonde et plus riche avec ces nouveaux modes de réinvention permanente de la réalité.
3. Où allons-nous en tant qu'humains ?
Je trouve fascinant de réfléchir à la façon dont nous, humains, devrions nous positionner face à l’IA. Luc Julia, un expert reconnu dans le domaine, propose une approche intéressante : plutôt que d’essayer de rivaliser avec l’IA dans ses domaines d’excellence, nous devrions nous installer « entre » ces domaines, dans les espaces qui les séparent. Selon lui, l’IA brille surtout dans des tâches très spécialisées, comme gagner aux échecs, interpréter des images médicales ou personnaliser des recommandations. Chacun de ces succès ressemble à un pic isolé. Nous, les humains, serions alors les explorateurs des vallées entre ces pics, capables d’exercer notre créativité, notre souplesse et notre intelligence sociale là où l’IA ne domine pas pleinement.
Cette vision met en avant notre capacité à être des généralistes agiles. L’IA peut battre un champion d’échecs, mais elle reste confinée dans son domaine spécifique. Nous, au contraire, savons relier les points, donner du sens et trouver de nouvelles directions là où les systèmes d’IA se concentrent sur une tâche unique.
Mon concept de réalité circulaire complète cette perspective en introduisant une situation plus complexe : je constate que l’IA ne se contente plus de réussir dans des domaines isolés. Au contraire, elle réassemble et réinterprète sans cesse toutes sortes de fragments de connaissances, de culture et d’expériences. Cette IA ne s’arrête pas à un « pic » spécialisé ; elle est partout à la fois, recomposant en continu notre paysage mental et culturel. Les espaces entre les sommets ne sont plus stables. C’est comme si le terrain lui-même bougeait en permanence : les pics et les vallées changent de forme, se déplacent et se mélangent.
Dans ce contexte, l’idée de simplement « aller entre les sommets » devient plus difficile à appliquer. Si l’IA peut transformer en temps réel ce qui était un espace vide, un refuge pour notre créativité, comment trouver encore un endroit sûr où exercer nos capacités humaines ? Si la réalité est sans cesse réinventée, où sommes-nous censés nous installer ? On pourrait dire que ces espaces intermédiaires se déforment, disparaissent ou se déplacent dès que nous tentons de nous y installer.
Mais cela ne contredit pas la vision de Julia. Au contraire, c’est un prolongement logique. Julia nous invite à tirer parti de notre souplesse intellectuelle en nous plaçant dans les interstices que l’IA ne comble pas encore. Mon concept de réalité circulaire dit que ces interstices, loin d’être stables, évoluent sans arrêt. Alors comment faire ? Il ne s’agit plus simplement de se tenir entre les sommets, mais d’être en mouvement, de « surfer » sur la transformation permanente du paysage.
Nous devons apprendre à co-créer avec l’IA, à participer activement à la façon dont elle recompose la réalité plutôt que de chercher des zones où elle serait absente.
C’est là que les idées de penseurs comme Joël de Rosnay – et son « hyperhumanisme » – entrent en scène. Au lieu de nous focaliser sur une place fixe dans ce nouvel environnement, nous devons apprendre à évoluer avec lui. Il s’agit d’accepter l’idée que nous sommes désormais des co-créateurs, travaillant main dans la main avec l’IA pour façonner une réalité en perpétuelle transformation. Cela exige de développer une éthique, une capacité d’adaptation et une vision stratégique. Nous devons décider, à chaque instant, comment orienter cette réinvention constante de la réalité, comment y intégrer nos valeurs humaines, notre empathie, notre sens moral et notre créativité.
Cette évolution soulève une grande question : comment rester humains, créatifs et significatifs dans un monde où la réalité se recompose sans cesse ? Je crois que nous pouvons relever ce défi en embrassant notre rôle de co-créateurs et en collaborant avec l’IA, non seulement en restant dans ses marges, mais en modelant avec elle le paysage qu’elle redéfinit. Notre futur dépendra de notre capacité à accepter et à maîtriser ce mouvement, à nous adapter à cette circularité, et à laisser notre empreinte humaine sur cette tapisserie infiniment réinventée.
4. Adopter une posture duale
Je me souviens du concept imaginé par John Kotter, qui propose de gérer une organisation comme un système opérationnel dual. Cette approche combine un modèle hiérarchique traditionnel, utile pour les opérations stables, et un réseau plus souple, centré sur l’innovation rapide. En repensant à mon expérience avec l’IA, je crois que cette idée de posture duale est essentielle pour faire face à la réalité circulaire.
Dans la réalité circulaire, ce que nous considérons comme « réel » est en perpétuelle réinvention. Les hiérarchies classiques, créées pour gérer des contextes prévisibles, peinent à suivre un monde qui se transforme sans cesse. Kotter l’avait déjà remarqué : à l’ère numérique, les structures habituelles, fondées sur la stabilité et le contrôle, deviennent vite insuffisantes lorsque le rythme du changement s’accélère.
L’IA pousse ce phénomène encore plus loin. Elle ne se contente pas de faire évoluer un marché ou une technologie : elle redéfinit la réalité elle-même en réassemblant en continu les fragments de notre monde (informations, idées, expériences).
Sans un cadre capable de s’adapter à ce renouvellement permanent, nos organisations et même nos sociétés pourraient être dépassées. Nous avons besoin d’un modèle prêt à gérer à la fois ce qui est stable et ce qui émerge.
La posture duale de Kotter offre une piste. D’un côté, la hiérarchie traditionnelle continue de garantir le bon fonctionnement des opérations de base. De l’autre, un réseau flexible peut expérimenter, créer de nouvelles approches et répondre aux changements à mesure qu’ils surviennent. Face à la réalité circulaire, cette double approche prend tout son sens : la partie hiérarchique maintient la cohérence et la fiabilité, tandis que le réseau s’ajuste en permanence à l’émergence de nouvelles formes de réalité.
L’enjeu consiste à répartir les rôles de façon intelligente. Dans le réseau, les humains peuvent utiliser leur créativité, leur pensée critique et leur sens moral pour exploiter le potentiel de l’IA sans perdre de vue nos valeurs. Ils deviennent des « ponts » entre l’IA et les besoins humains, s’assurant que les innovations s’alignent avec des objectifs éthiques et durables. Pendant ce temps, au sein de la hiérarchie, l’IA peut prendre en charge des tâches répétitives et opérationnelles, optimisant le fonctionnement courant et libérant le temps et l’énergie des humains.
Grâce à cette posture duale, les humains peuvent se concentrer sur la réflexion, l’interprétation et la prise de décisions éclairées. Ils ne subissent plus le changement, ils s’y adaptent et le guident. Cette approche doit toutefois rester équilibrée : si nous laissons l’IA prendre trop de place dans la partie hiérarchique, nous risquons d’affaiblir notre capacité d’agir et de décider. Si le réseau est mal organisé, il pourrait sombrer dans la confusion. Il faut donc maintenir une vigilance constante et s’assurer que la rapidité du changement ne nous écrase pas.
Au cœur de cette réflexion se trouve la dimension éthique. Alors que l’IA redéfinit notre perception du monde, la posture duale nous permet de conserver un espace où les humains réfléchissent et prennent position. Au lieu de suivre aveuglément le flux de l’IA, nous pouvons garder un rôle actif, en orientant l’innovation selon des principes clairs.
5. Le spectacle du divertissement
Je réfléchis maintenant à la manière dont nous vivons ces formes instantanées de « réel » générées par l’IA, en me souvenant des mises en garde de Neil Postman. Postman s’inquiétait de voir une culture se transformer en un simple divertissement permanent, au point que la réflexion sérieuse disparaisse. Aujourd’hui, avec la réalité circulaire, je me demande si nous ne sommes pas allés encore plus loin que ce qu’il redoutait. Au lieu d’un monde dominé par quelques médias de masse, nous faisons face à un environnement personnalisé, piloté par l’IA, qui peut en permanence produire des contenus captivants, sur mesure, pour chacun de nous. La question est : ce pouvoir de création infinie, sans cesse adapté à nos préférences, ne rend-il pas encore plus difficile le maintien d’une pensée critique et d’un dialogue public solide ?
À l’époque de Postman, la télévision imposait un certain « programme » commun, même s’il était déjà trop centré sur le divertissement. Aujourd’hui, ce programme unique a volé en éclats. Grâce à internet et aux réseaux sociaux, nous ne sommes plus de simples spectateurs. Nous cliquons, faisons défiler, partageons et consommons une infinité d’expériences visuelles et sonores, chacune ajustée à nos goûts. Il n’y a plus une seule réalité médiatique, mais une multitude, chacune gérée par des algorithmes qui veulent retenir notre attention.
La réalité circulaire intensifie ce phénomène : l’IA ne se contente pas de sélectionner ou de trier le contenu, elle le crée sans cesse. En rassemblant des données passées, des références culturelles et nos interactions, elle produit de nouvelles « réalités » parfaitement adaptées à nos préférences du moment. Tout devient un spectacle ajusté à nos envies. Cela va au-delà de la télévision telle que la critiquait Postman.
Nous risquons de nous plonger dans un flot continu de divertissements si convaincants que chercher la vérité ou la compréhension devient secondaire. Peu à peu, la différence entre ce qui est vrai et ce qui est conçu pour nous plaire s’estompe.
Dans cet univers, l’IA peut créer des personnalités, des récits et même des événements entiers qui semblent tout aussi réels que n’importe quelle scène historique. À force de nous divertir, elle peut éroder notre capacité à distinguer la réalité de la fiction. Nous risquons de devenir des spectateurs avides de sensations fortes, toujours en quête d’histoires plus excitantes, sans prendre le temps de questionner leur authenticité ou leur but.
À long terme, cela peut affaiblir notre esprit critique. Dans le passé, Postman s’inquiétait déjà du manque de réflexion dans une culture dominée par le divertissement. Aujourd’hui, ce risque est démultiplié. Nous nous enfermons dans des bulles médiatiques personnalisées où chacun voit une « réalité » qui renforce ses propres croyances. Il devient plus difficile d’échanger de manière constructive, car il n’y a plus de base commune. Cette fragmentation peut faciliter la propagation de fausses informations et de théories complotistes, en nous encourageant à choisir la version de la réalité la plus simple ou la plus flatteuse, plutôt que celle qui demanderait des efforts de réflexion.
Comment éviter de sombrer dans cette passivité et cette confusion ? La solution réside dans le développement conscient de notre esprit critique. Nous devons résister à la tentation de nous laisser bercer par ce flot ininterrompu de divertissements sur mesure. Cela signifie apprendre à aller au-delà de nos « bulles de confort », chercher des points de vue opposés, vérifier les sources et accepter la complexité. Nous devons réhabiliter l’écoute, le questionnement, la remise en cause de nos certitudes et la recherche de connaissances fiables. C’est en maintenant vivante notre curiosité et notre capacité de jugement que nous pourrons faire face à cette réalité circulaire qui brouille sans cesse les frontières entre information et spectacle.
6. La vérité, la bonté et la beauté assiégées
Je commence à soupçonner que la vérité, la bonté et la beauté sont mises à mal par la réalité circulaire. Dans cette nouvelle ère, l’IA réassemble en continu des fragments de notre culture, créant un flux infini d’expériences sur mesure. Cela remet en question les fondations mêmes que des penseurs comme Roger Scruton considéraient essentielles pour guider nos valeurs humaines. Autrefois, on croyait que la vérité, malgré sa complexité, restait accessible par la culture partagée ou par l’art, qui révélait subtilement la condition humaine. Mais aujourd’hui, face à des réalités générées à la demande, chacun peut vivre dans une « bulle » conçue par l’IA. Cela rend plus difficile d’atteindre une compréhension commune de ce qui est vrai.
Au lieu de converger vers des récits partagés, nous risquons de flotter dans des univers séparés, où aucune vérité cohérente ne s’impose vraiment.
La bonté est elle aussi menacée. Si les expériences culturelles ne visent plus qu’à satisfaire des préférences individuelles – un plaisir sans fin, toujours renouvelé – alors où trouver un sens moral ? Autrefois, la bonté s’apprenait par l’effort, le dialogue, la confrontation aux idées des autres. Désormais, nous pourrions nous contenter d’un flux constant de divertissements qui renforcent nos goûts, sans jamais nous encourager à réfléchir aux autres ou à développer une éthique commune. Dans la réalité circulaire, les dilemmes moraux risquent d’être noyés sous un déluge d’images, de sons et d’histoires taillées sur mesure pour flatter nos penchants, sans nous pousser à la responsabilité ou à l’empathie.
La beauté, enfin, est déstabilisée. Scruton défend l’idée de critères esthétiques partagés, transmis à travers les générations, permettant aux individus de reconnaître une certaine harmonie et profondeur. Aujourd’hui, la beauté pourrait se réduire à ce qui plaît, ici et maintenant, sans référence durable. Les goûts deviennent ultra-personnalisés et évoluent au rythme d’un flux créatif sans fin. Cela soulève une question : que reste-t-il des grandes traditions artistiques qui nous apprenaient à voir au-delà de nos préférences personnelles ? La quête d’une beauté universelle pourrait céder la place à une esthétisation perpétuelle, éphémère, où tout est réinventé sans cesse, sans ancrage dans des valeurs esthétiques stables.
La réalité circulaire risque donc d’éroder les ancrages culturels qui, jusque-là, nous aidaient à orienter nos vies. La vérité s’éparpille, la bonté perd sa force morale et la beauté se dilue dans une esthétique instantanée. Sans un effort délibéré pour préserver et nourrir ces valeurs, nous risquons de dériver dans un monde sans repères, où tout est possible mais rien ne dure. Pour ne pas perdre le lien avec les fondements de l’expérience humaine partagée, il faudra apprendre à résister à cette recombinaison incessante, à trouver du sens dans la complexité et à défendre une vision plus riche de la vérité, de la bonté et de la beauté, même au cœur d’un univers en perpétuelle mutation.
7. La disruption des professions
Je me demande comment la réalité circulaire, soutenue par l’IA, pourrait transformer notre manière de concevoir et de pratiquer les métiers qui exigeaient autrefois une expertise professionnelle solide. Depuis longtemps, des professions comme celles de médecin, d’avocat, d’architecte ou de comptable étaient protégées par des qualifications, des normes et une reconnaissance sociale. Mais la technologie, en diffusant largement l’information et en automatisant de plus en plus de tâches, a commencé à ébranler ces monopoles. Avec la réalité circulaire, ce phénomène pourrait s’accélérer, car l’IA peut puiser dans d’innombrables sources et réagencer instantanément des éléments de savoir pour les offrir à qui en a besoin, quand il en a besoin.
Dans ce nouveau contexte, la connaissance spécialisée ne serait plus l’apanage d’un groupe restreint. Au lieu de consulter un seul expert, un client, un patient ou un usager pourrait s’adresser à un système IA capable de combiner rapidement des informations médicales, juridiques, techniques et culturelles pour fournir une réponse adaptée. Les tâches professionnelles, autrefois regroupées et délivrées en bloc par un spécialiste, pourraient être éclatées en petites parties faciles à traiter pour des outils d’IA ultra-spécialisés.
Le rôle du professionnel évolue : plutôt que d’accomplir directement toutes ces tâches, il supervise, vérifie, oriente et donne un sens plus large à ces informations recombinées par l’IA.
Un tel changement pourrait bouleverser les institutions traditionnelles et les modèles qui garantissaient la qualité, l’éthique et la fiabilité du travail professionnel. Désormais, l’expertise pourrait être entretenue et ajustée en réseau, avec la contribution de nombreuses personnes – spécialistes, non-spécialistes, algorithmes – travaillant ensemble. Les plateformes et les outils intégreraient directement l’expertise, sans que l’on sache toujours clairement qui, ou quoi, valide les informations. Cela pose des questions cruciales : comment s’assurer de la qualité des conseils délivrés ? Comment éviter que l’IA ne soit manipulée ou biaisée ? Qui sera responsable si une décision basée sur un conseil généré par l’IA s’avère désastreuse ?
Dans un tel univers, les professionnels devront se réinventer. Ils pourraient devenir des garants de l’intégrité, veillant au respect des normes éthiques et de la dignité humaine, assurant la cohérence entre les informations fournies par l’IA et les valeurs partagées par la société. Loin de les rendre inutiles, la réalité circulaire pourrait leur offrir de nouveaux rôles, plus axés sur la réflexion critique, la supervision éthique, l’arbitrage et la mise en perspective. Les usagers, de leur côté, devront apprendre à faire preuve de discernement, sachant quand faire confiance aux systèmes et quand demander un regard humain plus approfondi.
Ce scénario n’est pas un simple transfert de pouvoir des professionnels vers l’IA, mais une transformation profonde de notre rapport au savoir. Il nous faut imaginer, tester et mettre en place des garde-fous, des normes et des pratiques pour que cette transition se fasse de manière juste, équilibrée et responsable. La réalité circulaire, avec son flux continu d’informations recombinées, offre des opportunités incroyables, mais comporte aussi des risques. Il nous revient de réfléchir ensemble à la meilleure façon de guider cette évolution, pour que la connaissance reste un outil au service de l’humain et non une source de confusion, de manipulation ou d’inégalités.
8. Les dieux de la salle de classe
Je me souviens que Neil Postman estimait que l’éducation devait être guidée par des histoires inspirantes – des « dieux » – donnant une direction morale et une vision cohérente du monde. Il regrettait qu’on ait souvent remplacé ces récits puissants par des objectifs moins élevés, comme la seule performance économique ou la prouesse technologique. Aujourd’hui, face à l’influence de l’IA et de la réalité circulaire, je me demande comment garder du sens dans l’éducation. Ces « grands récits » stables que Postman appelle de ses vœux risquent de voler en éclats si la réalité se réinvente sans cesse, offrant à chacun des contenus personnalisés qui ne se ressemblent jamais.
Dans un monde où les expériences sont adaptées en temps réel aux préférences individuelles, trouver un récit commun devient difficile. Postman pensait qu’en partageant des références culturelles solides, on pouvait guider les élèves vers la compréhension de leur propre faillibilité ou vers une responsabilité commune (comme le montre sa métaphore du « vaisseau spatial Terre »). Mais comment parvenir à une vision partagée si chaque élève est exposé à un univers différent, réassemblé en continu par l’IA ?
Sans base commune, même les plus belles idées se fragmentent, et les grandes histoires risquent de perdre leur pouvoir fédérateur.
Plus encore, si le contenu que chacun reçoit est taillé sur mesure, comment encourager la responsabilité écologique ou l’humilité face à la connaissance, si un algorithme peut simplement atténuer ces messages chez ceux qu’il juge moins réceptifs ? L’éducation risque alors de se transformer en un flot d’informations isolées et distrayantes, plutôt qu’en un terrain fertile pour une véritable réflexion éthique et morale. Les élèves pourraient se perdre dans une sorte de confusion permanente, stimulés par la nouveauté, mais sans structure solide pour les aider à grandir en sagesse.
Si, comme Postman, on souhaite que l’éducation serve à plus qu’à accumuler des données, il faut accepter que le temps des « grands récits » fixes est peut-être révolu. Au lieu de chercher une histoire unique qui donnerait un sens définitif à l’apprentissage, les enseignants doivent aider les élèves à naviguer dans la complexité. Plutôt que de s’appuyer sur un « dieu » immuable, l’éducation pourrait se concentrer sur des compétences clés : la pensée critique, la remise en question des sources, la capacité à accepter l’incertitude, l’empathie et la sensibilité éthique. Les élèves doivent apprendre à évaluer diverses perspectives, à comprendre que le savoir est toujours en mouvement, et à développer leur propre sens du but, sans se reposer sur un récit unique.
Cette transformation n’est pas simple. Postman espérait que des récits stables pourraient sauver l’éducation de la superficialité. Aujourd’hui, la réalité circulaire rend ces récits instables et multiples. Cela ne rend pas la quête de sens impossible, mais elle devient plus dynamique. Au lieu de s’accrocher à un grand « dieu » éducatif, nous pouvons former des élèves capables de créer et d’interpréter leurs propres récits, de s’adapter au changement et de préserver des valeurs humaines dans un monde en perpétuelle recomposition.
La fin des récits fixes ne doit donc pas signifier la fin du sens. Au contraire, c’est une occasion de renforcer la capacité des élèves à comprendre la complexité du monde, à agir avec discernement et à co-construire sans cesse un sens partagé. L’éducation peut ainsi devenir le lieu où l’on apprend non pas à mémoriser une histoire, mais à donner du sens à la diversité des histoires qui nous entourent.
9. Embrasser la symbiose
Je me suis inquiété du risque que les réinterprétations incessantes de la réalité par l’IA entraînent une fragmentation infinie, nous laissant sans vision claire de notre identité ni de notre avenir. J’ai décrit comment des expériences ultra-personnalisées pouvaient isoler les individus et affaiblir notre sens commun. Pourtant, certains penseurs proposent une autre voie.
C’est le cas de Joël de Rosnay, avec sa notion d’« hyperhumanisme », qui imagine une évolution conjointe de l’homme et de la machine vers quelque chose de plus grand, sans se limiter à une simple juxtaposition d’éléments. De Rosnay évoque l’idée d’un « macroscope », un outil conceptuel pour voir l’ensemble des interconnexions plutôt que de se perdre dans les détails.
Au lieu de se focaliser sur les flux personnalisés qui enferment chacun dans sa propre bulle, la vision macroscopique permet de comprendre comment les expériences individuelles s’intègrent dans un grand tableau mondial.
Dans ce contexte, l’IA n’est plus perçue comme une menace ou un gadget, mais comme un partenaire avec lequel nous pouvons apprendre à naviguer dans la complexité. Plutôt que de céder à la peur ou à la passivité, l’hyperhumanisme propose de renforcer notre intelligence collective. L’IA peut prendre en charge certaines tâches répétitives et techniques, libérant l’esprit humain pour la créativité, la réflexion éthique et la coopération.
De Rosnay ne veut pas d’un transhumanisme centré sur l’amélioration de quelques individus, mais d’une évolution globale, où chacun bénéficie du réseau mondial d’informations et d’idées. Il ne s’agit pas de dépasser notre humanité, mais d’en décupler le potentiel en intégrant harmonieusement nos capacités aux outils numériques.
Cela a des implications pour l’éducation. Au lieu de transmettre un contenu figé dans un monde en mutation, il s’agit d’enseigner à voir les systèmes, à comprendre les liens, à percevoir les grands flux plutôt que des faits isolés. Les élèves devront apprendre à questionner les sources, à repérer les biais, à collaborer avec l’IA non pas comme un public passif, mais comme des acteurs critiques et responsables.
L’objectif est de former des personnes capables de sensibilité, de discernement et d’ouverture, pour construire une société plus équitable et créative.
Rien n’est garanti, car les choix que nous faisons aujourd’hui définiront l’avenir. L’IA pourrait aggraver les inégalités, ou au contraire démocratiser l’accès à la connaissance. Elle pourrait soutenir l’intelligence collective, ou être manipulée à des fins privées. Mais la vision de De Rosnay invite à l’optimisme prudent : si nous savons adopter une perspective d’ensemble, valoriser nos principes humains et développer de nouvelles compétences, nous pourrons tirer parti de la réalité circulaire. Ainsi, au lieu de subir une fragmentation désespérante, nous pourrions transformer cette dynamique en une chance d’élargir notre compréhension du monde, de renforcer notre créativité et de vivre pleinement dans la complexité de notre époque.
10. Le divin intérieur
Je me demande ce qu’il advient de la foi religieuse et de l’expérience spirituelle dans un monde où la réalité se réinvente sans cesse, fragmentée par l’IA. Traditionnellement, les religions s’appuyaient sur des récits et des doctrines partagées, offrant une vision cohérente du monde et une base commune pour la croyance. Mais si chaque personne vit désormais dans une réalité adaptée à ses préférences, qu’arrive-t-il aux convictions et aux histoires qui unissaient autrefois les communautés ?
D’un côté, cette fragmentation peut affaiblir les grandes traditions religieuses. Privés d’un récit commun, les fidèles risquent de voir leurs croyances diverger, même au sein d’une même religion. Les textes sacrés, les rituels, les enseignements moraux, autrefois partagés, pourraient se morceler en une multitude de versions personnalisées. La cohésion culturelle et la force des institutions religieuses s’en trouveraient menacées, et beaucoup pourraient se sentir perdus, sans point de repère stable.
Mais cette situation n’est pas forcément synonyme de la fin de la spiritualité. Maurice Zundel insistait sur le fait que la présence du divin existe en nous, en deçà de toute preuve ou récit collectif.
Quand les croyances établies vacillent, les individus se tournent vers une expérience plus intérieure du sacré.
Plutôt que de s’appuyer sur une doctrine figée, ils pourraient construire leur propre parcours spirituel, en piochant dans diverses traditions, philosophies ou pratiques venues du monde entier. L’IA, malgré son rôle dans la fragmentation, pourrait également faciliter l’accès à une variété de ressources spirituelles, invitant chacun à un voyage plus personnel et profond.
Cet élan vers la spiritualité individuelle ne doit pas être confondu avec un simple « zapping » religieux sans profondeur. Au contraire, si on aborde cette quête avec attention, on peut développer une compréhension plus intime du sacré, en résonance avec la vision de Zundel. La personnalisation, bien utilisée, peut encourager l’introspection, l’approfondissement de ses convictions et une relation plus vivante avec le divin.
Cependant, il existe aussi des risques. Si l’IA oriente nos explorations spirituelles, comment s’assurer qu’elle le fasse avec éthique et respect ? Qui décide des contenus spirituels mis en avant ? Les systèmes pourraient-ils manipuler nos croyances, ou nous enfermer dans des versions confortables mais limitées de la foi ? De plus, sans une base commune, comment favoriser le dialogue, la tolérance et l’unité entre personnes de différentes traditions ?
Malgré ces incertitudes, cette reconfiguration ouvre aussi la porte à de nouvelles formes de communautés spirituelles en réseau. Plutôt que de se rassembler autour d’un récit unique, les croyants pourraient partager leurs parcours personnels, échanger des idées, des pratiques, et construire ensemble une vie spirituelle plus flexible, interculturelle et ouverte. Ces communautés pourraient encourager le respect mutuel et l’enrichissement réciproque, sans exiger l’adhésion à des dogmes figés.
La croyance ne disparaît pas, elle se transforme. La foi pourrait moins s’appuyer sur des vérités imposées d’en haut que sur une découverte intime et continue du sacré. Les défis sont nombreux, mais ils offrent aussi l’opportunité de repenser la relation entre la spiritualité, la technologie et la liberté de croire. Ainsi, même si les formes et les expressions du sacré changent, la présence d’une réalité plus grande que nous-mêmes peut continuer à inspirer et à guider nos vies.
11. L'amour, l'héritage et le moi durable
Je réfléchis à la façon dont une vie influencée par l’IA peut transformer ma personnalité. Quand les informations se réassemblent en permanence pour s’adapter à mes goûts, mon sens de l’identité risque de devenir aussi changeant que le contenu personnalisé qui défile devant moi. Dans ce contexte, je me demande ce qui peut m’ancrer durablement. Si je considère l’idée que l’âme est façonnée par l’amour que nous portons aux autres – un lien qui résiste au temps, à la mort et aux transformations –, alors l’amour pourrait être la clé.
Même si les algorithmes découpent ma réalité en mille fragments changeants, l’amour, qui crée des relations et des liens durables, peut maintenir une cohérence dans ma vie.
Au milieu d’un flux sans cesse recomposé, l’amour offre une stabilité, car il ne dépend pas des tendances du moment, ni d’une simple simulation personnalisée. Sans un repère stable, comment éviter que mon identité ne devienne superficielle et vulnérable aux manipulations ? L’amour agit comme un antidote. Là où l’IA me propose des expériences taillées sur mesure, l’amour me pousse à regarder au-delà de mes préférences instantanées pour me tourner vers les autres. Il me rappelle que je ne suis pas seul, que mon existence s’enrichit en donnant, en soutenant, en écoutant. Au lieu d’être un consommateur passif de contenus, je deviens un acteur qui façonne le monde par ses relations et ses gestes bienveillants.
L’amour est fondamentalement tourné vers l’extérieur. Chaque acte de compassion ou de partage tisse un réseau de liens qui dépasse ma simple personne. Ces liens, à leur tour, contribuent à créer une tapisserie vivante d’âmes interconnectées. Dans un univers où mes choix et mes actions sont observés, mes expressions d’amour peuvent marquer les autres, et ainsi se transmettre, d’une personne à une autre, bien au-delà de moi et du moment présent. Ainsi, l’amour construit une continuité qui dépasse le flux d’informations qui m’entoure.
Ironiquement, l’abondance de possibilités et de distractions offertes par l’IA pourrait me pousser à devenir plus attentif à la façon dont j’emploie mon temps et mon énergie. Face à l’infinité d’options, je dois choisir ce qui compte vraiment. En optant pour l’amour et la solidarité, je me relie à une dimension plus profonde, plus stable, qui résiste aux épreuves du changement et de l’incertitude.
Je peux accepter l’idée que les formes de mon existence se modifient en permanence. Mais cela ne signifie pas que je doive perdre mon essence. En plaçant l’amour au cœur de mon identité, j’inscris mes actions dans quelque chose qui ne se démode pas. Ce faisant, je participe à préserver et à renforcer notre humanité face au tourbillon de la réalité circulaire. L’amour devient alors le fil rouge qui me guide, me stabilise et donne un sens durable à ma vie.
12. Pratiquer la réalité circulaire
Je réalise que, dans ce nouveau monde réinventé par l’IA, mon rôle d’enseignant ne peut plus se limiter à transmettre des connaissances figées. Les vérités stables et les programmes fixes sont bousculés par une réalité qui se réarrange sans cesse. Je dois alors adapter ma façon d’enseigner : je ne suis plus seulement un transmetteur de savoir, mais un guide, un accompagnateur et un conseiller moral, aidant mes étudiant.e.s à naviguer dans un océan d’informations changeantes.
Au lieu de leur enseigner quoi penser, je dois apprendre avec eux comment penser.
Mon rôle est d’aiguiser leur sens critique, de leur montrer comment comparer différentes perspectives, de les encourager à questionner les sources et à reconnaître les biais. Ma classe devient un laboratoire d’enquête, où l’on apprend à démêler le vrai du faux, à donner un sens à la complexité et à ne pas se laisser séduire par la simple nouveauté. Mes étudiant.e.s doivent comprendre que dans ce monde en recombinaison permanente, la capacité d’analyser, de raisonner et de faire preuve d’esprit critique est plus précieuse que la mémorisation de faits.
Mais ce n’est pas tout. Cette nouvelle réalité ne garantit ni la vérité, ni la bonté, ni la beauté. L’IA peut produire des contenus sans se soucier des valeurs humaines. C’est là que j’interviens : je dois aider mes étudiant.e.s à développer une conscience éthique et esthétique. Je veux qu’ils sachent pourquoi certaines idées sont bonnes, justes ou belles, et pas seulement intéressantes ou divertissantes. Par le dialogue, les projets collaboratifs, l’étude des biais des algorithmes et la réflexion sur les implications morales, je les pousse à regarder au-delà des apparences, à cultiver leur sens des valeurs et à agir avec responsabilité.
Je dois montrer à mes étudiant.e.s qu’ils peuvent créer et contribuer. Ils et elles ne sont pas condamné.e.s à n’être que des consommateurs passifs d’informations. Je veux leur apprendre à utiliser l’IA de manière éthique et inventive, à concevoir leurs propres solutions, à donner forme aux connaissances. Dans un tel contexte, l’amour, l’empathie et la solidarité deviennent plus précieux que jamais. Alors que les récits se brisent et que tout semble éphémère, ces liens humains constituent des points d’ancrage.
Bien sûr, pour adopter cette approche, je dois également changer. Je ne peux plus me présenter comme une autorité qui détient toutes les réponses. Je dois apprendre en même temps que mes étudiant.e.s, accepter de ne pas tout savoir, de comprendre avec eux, de m’adapter et d’expérimenter. Ma crédibilité provient de ma volonté de chercher, de questionner et de guider avec honnêteté et intégrité.
L’éducation peut devenir un phare au milieu de cette réalité circulaire. En développant les compétences de pensée critique, de réflexion éthique, de création collective et d’attention aux autres, je peux aider mes étudiant.e.s à s’orienter dans la complexité. Mon but est de les préparer à être non seulement des survivant.e.s dans ce monde en perpétuel mouvement, mais des personnes épanoui.e.s, capables de donner du sens, d’agir avec responsabilité et de construire ensemble un avenir à la fois libre et humain.
Sources et déclaration IA
Cet essai est le fruit d'une intense collaboration avec divers outils d'intelligence artificielle. J'ai fait appel à l'IA pour rechercher, reformuler, discuter, analyser, rédiger, traduire, et bien plus encore. Le résultat que vous tenez entre vos mains témoigne d’une symbiose, mêlant l'homme que je suis aux objets intelligents qui m'accompagnent au quotidien. Cependant, les positions exprimées dans cet essai relèvent de mon ressenti humain et de mon opinion personnelle, dont j'assume seul la responsabilité. Ayant travaillé avec l'IA générative, je ne peux exclure que certains passages soient proches des écrits des auteurs qui m'ont inspiré. À défaut de pouvoir citer dans le texte toutes ces influences, je m'engage néanmoins à reproduire ici les sources qui ont nourri ma réflexion au fil des années, exprimant toute ma gratitude et mon profond respect envers les personnes qui les ont créées :
- Cavalli-Sforza, F. & L. La Science du Bonheur. https://amzn.eu/d/6OoC44U
- Cordier, A. Grandir informés. Les pratiques informationnelles des enfants, adolescents et jeunes adultes. https://amzn.eu/d/0brpm1u
- Dennett. D. Kinds of Minds. Toward An Understanding Of Consciousness. https://amzn.eu/d/2HVFJ2Q
- Derobertis, E.M. The Phenomenology of Learnin. Enthousiasm, Creativity, And Self-Development. https://amzn.eu/d/9NjWE5J
- De Rosnay, J. Au-delà du Transhumanisme, vers l’intelligence augmentée. Consulté en ligne le 17 décembre 2024 : https://www.youtube.com/watch?v=jqXVjR6lg2w&t=1128s
- De Rosnay, J. Le macroscope. Vers une vision globale. https://amzn.eu/d/fEB95b8
- Fuchs, E. Comment faire pour bien faire ? Labor Et Fides, 1995.
- Ganascia, J.-G. L’I.A. expliquée aux humains. https://amzn.eu/d/2TdHNLc
- Julia, L. L’Intelligence Artificielle n’existe pas. Consulté en ligne le 17 décembre 2024 : https://www.youtube.com/watch?v=yuDBSbng_8o&t=460s
- Kotter, J. P. Accelerate. Building Strategic Agility for a Faster-Moving World. https://amzn.eu/d/hTQtCHO
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- Meyer, Michel. Qu’est-ce que le questionnement ? https://amzn.eu/d/dQJAVtd
- Münger, A. Kreislaufwirtschaft als Strategie der Zukunft. Nachhaltige Geschäftsmodelle entwickeln und umsetzen. https://amzn.eu/d/croiNSH
- Newport, C. Slow Productivity. The Lost Of Art Accomplishment without Burnout. https://amzn.eu/d/7cF8hgp
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- Villon de Benveniste, G. L’intelligence artificielle est différente de l’intelligence humaine. Consulté en ligne le 17 décembre 2024 : https://theinnovationandstrategyblog.com/2020/01/15/lintelligence-artificielle-est-differente-de-lintelligence-humaine/
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