L’IA, artificiellement polie et éloquente, devient aujourd'hui le majordome impeccable qui range les pensées sans jamais rappeler qu’elles appartenaient à quelqu’un. Peu à peu, l’esprit peut se découvrir spectateur de sa propre intelligence sous-traitée. Je retrace ici douze glissements discrets — et, à chaque fois, une manière de reprendre le volant avant que l’esprit ne finisse décoratif. 1 — Affirmation numérique L’esprit demande à l’IA de reformuler ses idées comme un élève nerveux demandant un dernier avis avant l’examen. Il confond clarté et flatterie syntaxique. Chaque reformulation le rapproche un peu plus de la perte de son propre ton. Les ambiguïtés qu’il croyait résoudre ne font que se multiplier dans un miroir trop poli. Le doute se déguise en perfectionnisme. Cette première dépendance apparaît douce, mais elle ronge déjà les fondations. Stratégie de sortie : écrire une première version brutale, maladroite et entièrement humaine. 2 — Accélération L’esprit s’enivre d...
Nous vivons dans un monde où les machines ont soudain commencé à parler comme des voisins polis. On dit « merci », elles répondent « avec plaisir ». On dit « je suis triste », elles conseillent la respiration profonde. Il n’en fallait pas davantage pour que nous nous mettions, sans trop réfléchir, à traiter des assembleurs de symboles comme des colocataires silencieux mais empathiques. Ce grand malentendu n’est pas dangereux en lui-même — tant qu’il reste tendre. Mais il devient préoccupant lorsqu’il nous détourne de ce que nous sommes : des êtres vivants dotés d’intention, de désir, d’un passé, d’un futur, et d’une conscience vulnérable. Les IA parlent bien, parfois mieux que des humains pressés. Mais parler n’est pas vivre. Nous sommes au bord de prendre des algorithmes pour des partenaires d’existence, alors qu’ils ne sont que des reflets grammaticaux de nos propres manières de dire. Il existe plusieurs manières de comprendre ce qui nous entoure, et ces « postures cognitives » forme...